Covid 19 : le symptôme d'un mal plus grave ?

La disparition en cours de nombre de formes vivantes ne signifie pas pour autant la fin de la vie. La vie est vigoureuse sur Terre. Autour de Tchernobyl, l’homme ne peut survivre mais la vie y est exubérante : la flore et la faune se sont adaptées à la radioactivité. Depuis des millénaires, la forêt méditerranéenne a appris à vivre avec le feu. Sur les terres incendiées, la végétation reprend vie rapidement et une microfaune pullule. Par ailleurs, les micro-organismes ne semblent pas subir de phénomène d’extinction. Bien au contraire, il semble que l’action de l’homme et les pressions de sélection qu’il engendre contribuent à augmenter la diversité microbienne. A la différence des animaux et des plantes, les microbes ne disparaissent pas du fait de l’inconscience écologique des hommes. Au contraire le monde de l’infiniment petit pullule plus que jamais. Il mute, se transforme à grande vitesse et occupe les vides biologiques créés par l’homme. Cette vitalité de la biosphère microscopique pourrait expliquer pour partie le retour des pandémies.

Les pandémies ne sont pas nouvelles dans l’histoire de l’humanité. De grandes hécatombes comme les pestes noires ont frappé les esprits mais elles étaient relativement peu fréquentes. Plusieurs siècles s’écoulaient entre deux pandémies majeures. Depuis la révolution industrielle et la mondialisation, ce n’est plus le cas.

Les hommes se sont concentrés dans de grandes zones urbaines favorisant la promiscuité ; leurs activités altèrent le climat et bousculent l’équilibre du vivant. Pendant que l’espèce humaine épuise les forêts, les terres et les océans, de nouveaux agents pathogènes se répandent. De nouveaux virus et de nouvelles bactéries suivent les hommes et leurs produits qui vont et viennent partout sur la planète.

Dès le début du 20ème siècle, les grandes épidémies réapparaissent et leur fréquence augmente. Entre 1918 et 1919, la grippe espagnole fait entre 50 et 100 millions de morts. La grippe asiatique, dans les années 1950, et la grippe de Hong-Kong, dans les années 1960, font chacune plus d’un million de morts. Dans les années 1980 le sida fait son apparition ; à ce jour, malgré les trithérapies, il est responsable de près de 40 millions de morts.
Depuis les années 2000, les maladies endémiques deviennent récurrentes. En 2002 le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) fait son apparition en Chine et s’étend à une trentaine de pays. Il provoque des pneumonies aiguës souvent mortelles. En 2009 et 2010, le H1N1 et ses complications respiratoires tue plus de 200.000 personnes dans le monde. En 2012, le terrible virus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) tue 40% des personnes infectées. Depuis son apparition, en 2013, le virus Ebola tue chaque année des milliers de personnes en Afrique. Aujourd'hui le COVID-19 est responsable d’une crise mondiale majeure et déjà de centaines de milliers morts.0

A chaque pandémie, une course s’engage pour trouver un remède. La science seule ne permettra cependant pas de résoudre le problème plus profond qui résulte des atteintes portées à la nature par l’homme. Si l’espèce humaine ne modifie pas sa relation à son environnement, si elle n’adapte pas son économie au-delà de la recherche du gain à court terme, si elle ne parvient pas à adopter un comportement collectif responsable, il faut s’attendre à des pandémies de plus en plus mortelles. La Covid 19 pourrait alors n'être qu'un apéritif.

Jacques Carles