Arrêtons de pleurnicher

La pandémie risque de faire de nouveaux et terribles ravages dans les semaines à venir. La situation exceptionnelle et gravissime dans laquelle nous entrons doit nous amener néanmoins à faire preuve d'humilité. Nous connaissons encore très mal ce virus en mutation rapide. Personne ne peut dire qu'il a toutes les compétences et toutes les données en main pour affirmer que les décideurs font des mauvais choix pour combattre le virus ou du moins le contenir. Ceux qui ont à gérer cette crise font ce qu'ils peuvent. Qui peut affirmer sérieusement qu'il ferait mieux à leur place?

De la pénurie de masques au démarrage poussif de la vaccination, j'ai souvent déploré les ratés de la gestion de la pandémie. Je me suis étonné de certaines décisions qui pouvaient paraître illogiques, arbitraires ou improvisées. J'ai mis en cause la lourdeur et le manque de réactivité de l'administration. Mais aujourd'hui, je me refuse à relayer les injures, les procès d'intention et les divagations complotistes qui circulent dans les réseaux sociaux. Je condamne les irresponsables qui organisent des fêtes illégales. Je trouve inadmissible que des sectes organisent au nom de Dieu des cérémonies religieuses sans aucune précaution sanitaire. Enfin si je peux comprendre la détresse des restaurateurs et la nécessité de les aider, je ne peux pas cautionner ceux d'entre eux qui ouvrent des salles au risque de créer de nouveaux foyers de contamination. Pour l'heure, la désobéissance civile, les polémiques et les manifestations, pour un oui ou pour un non, ne servent qu'à compliquer ou à aggraver les choses.

J'ai toujours été du côté de ceux qui défendent la justice sociale, la liberté, le droit de marcher à contre courant plutôt qu'à contrecœur. Je fais partie de ces français rebelles par atavisme. Mais aujourd'hui on parle de vie et de mort. Il nous faut respecter les consignes. Il nous faut rester solidaires et disciplinés en attendant l'arrivée des armes pour nous battre : vaccins et traitements.

Pensons à ceux qui ont connu les tranchées de 14-18 ou les camps de concentration de 39-45. Pensons à ces 4 milliards d'humains qui sont sous le seuil de pauvreté ou sous le joug de la dictature.

Ne pas partir au bout du monde pour quelques jours de vacances est encore supportable. Ne pas sortir après 18h permet de retrouver du temps pour ses enfants, pour lire ou se divertir en regardant la télé. Ne pas aller dans les grands centres d'achat permet de consommer un peu moins, ce n'est pas si mauvais pour la planète …et plutôt bon pour notre portefeuille.

Le bilan de la crise devra être fait, mais à la fin de la pandémie quand nous aurons enfin retrouvé une vie normale. Des pendules devront être remises à l'heure. Des leçons des erreurs accumulées depuis des décennies devront bien évidemment être tirées. De nouvelles politiques devront être mises en œuvre.

C'est aussi à ce moment que nous devrons renvoyer l'ascenseur aux jeunes qui sont restés solidaires de leurs aînés ainsi qu'aux soignants et obscurs soldats du quotidien, ceux qui nous auront permis de survivre pendant cette période exceptionnelle.

En attendant, cessons de pleurnicher. Soyons responsables.

Jacques Carles