Montpellier : lancement du Grenelle sur la lutte contre les violences conjugales
Ce 3 septembre en Préfecture de Montpellier, le nouveau Préfet de l'Hérault M. Jacques Witkowski a invité le Comité Local d'Aide aux Victimes afin de présenter le schéma local d'aide aux victimes par le Directeur de Cabinet du Préfet M. Richard Smith récemment nommé pour le lancement du Grenelle contre la lutte des violences conjugales.
Autour de la table, l'ensemble des acteurs concernés par le sujet étaient présents, dont le Conseil départemental, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, le nouveau Procureur de Béziers le représentant de la Police, de la Gendarmerie, l'Agence Régionale de Santé, le CHU, la Caisse d'Allocation Familiale, l'Ordre des avocats, et le réseau associatif Via Voltaire, la commission de lutte contre les violences conjugales de Béziers méditerranée (CABM) et le CIDFF Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles de l'Hérault.
"Il faut remettre en cause les pratiques actuelles, et reconnaître qu'on est en situation d'échec, il faut s'occuper des victimes, et prévoir une prise en charge sociale, avoir des dispositifs spécifiques et des logements sanctuarisés" dit le Préfet de l'Hérault.
Un constat amer
Plus de 2500 faits de violence intra familiales, 1900 faits de violence, dont 1600 concernent des femmes, 380 hébergements de femmes sont pris en compte. Déjà à Arras, on héberge les femmes et les hommes.
Le nouveau procureur de Béziers, Raphaël Balland, souhaite une politique pénale plus harmonisée. «Il faut se mettre à la place de la femme qui prend la décision de venir au commissariat, c'est une nouvelle violence, et c'est à prendre en considération. A Béziers, il y a systématiquement une investigation qui se met en place, en lien avec les associations, même si la victime ne porte pas plainte, c'est un axe prioritaire ».
"Le département est précurseur, il y a un schéma en cours de finalisation. Il permet de recenser les moyens disponibles. Il comprend la prise en charge, l'accompagnement. Un partenariat avec Pôle emploi a pu se développer" précise M. Richard Smith Directeur du cabinet du Préfet.
Pour la Direction Départementale de la Cohésion Sociale - DDCS - référente sur l'hébergement pour les personnes vulnérables ou sans abri, il y a la nécessité de mettre à l'abri la victime, en assurant un accompagnement sécurisé avec du personnel formé et dans le respect de la confidentialité. La Direction Départementale s'appuie sur les acteurs locaux institutionnels et associatifs, et est en étroite collaboration avec les départements des villes de Montpellier, Sète, Béziers pour les hébergements d'urgence avec différents protocoles.
L'aide aux victimes
Pour une durée brève, la victime et l'enfant sont mis à l'abri, le temps à tous les acteurs de se réunir et de proposer une réponse face à la situation tandis que des intervenants sociaux tiennent des permanences dans les services de police.
En 2018, il y a eu 865 demandes d'hébergement, avec 96 places sur le département dont 75 à Montpellier ce qui représente 1,4 million de budget, 376 personnes sont passées, 28 % sont occupés par des femmes et des enfants. Concernant le logement social, il y a 42 000 demandes, et 6000 ont été attribués cette année. Par rapport à l'année dernière, la violence a augmenté de 8 %, et les deux tiers sont intra-familiales, 90 % concernent des femmes. Sur l'Hérault, il y a eu 4 féminicides. L'aspect communautaire joue un rôle car selon la culture, la violence peut être plus importante.
L'accueil dans les brigades est essentiel, 20 % des gendarmes sont des femmes, il y a des référents VIF (violence intrafamiliale) sont formés. Il y a un plan national d'évaluation de l'accueil des femmes.
Dans l'Hérault, les intervenants précisent
Depuis 2003, il y a eu une assistante sociale et une psychologue dans le commissariat de police, et si besoin, les clés pour rentrer dans le logement de la victime sont récupérées. A Sète, a été mis en place un espace dédié aux victimes "car il faut de l'empathie avec les victimes." A chaque main courante, il faut une réquisition, car souvent la victime retire sa plainte par peur de représaille. Il existe un protocole pour les mains courantes, il doit être révisé avec l'association d'aides aux victimes.
Le Conseil Départemental rappelle les protocoles relatifs à l'hébergement d'urgence, dont le dispositif est de mettre à l'abri immédiatement les victimes et de mobiliser les acteurs de droit commun, les assistantes sociales de secteur, et les professionnels de santé. L'enfant est une victime témoin d'une violence quotidienne, susceptible de la reproduire. Peut être, ce serait le point de départ d'une réflexion à engager avec les 9 réseaux. "Il faut une intervention commune et cela nécessite la formation des agents en lien avec les partenaires ".
Un tissu de 9 réseaux ou comment mieux lutter contre les violences conjugales, qui ne cessent d'augmenter dans l'Hérault
Dès 2003, le Département de l'Hérault s'est mobilisé, c'est un travail d'équipe en continu et le travail en réseau est indispensable. Il faut rompre la culture du silence et du tabou. Lorsqu'une plainte est non déposée, il faut relancer la victime.
Les assistantes sociales sont indispensables dans les commissariats pour accueillir les victimes de violences intra conjugales et intra familiales. Le Professeur médecin légiste du centre hospitalier universitaire (CHU) relève le travail réalisé entre les équipes de Béziers, Sète et Montpellier. Il précise également qu'il y a beaucoup de féminicides non déclarés,"il est vrai que le taux d'autopsie dans notre région est élevé". Il précise qu'il existe un diplôme universitaire en victimologie de 120 heures qui devrait être proposé à tous les accompagnateurs de victimes.
L'ISCG - Intervenant Social dans les Commissariats et Gendarmerie - contribue à la formation des réseaux et conforte le dispositif avec la DDCS.
La Caisse d'Allocation Familiale accueille les victimes et elle s'occupe des démarches pour l'accès aux droits, le dossier est traité en urgence, toutefois les agents d'accueils ont besoin d'être accompagnés.
L'association Via Voltaire reconnue d'intérêt général, avec une équipe pluri-disciplinaire, fait partie du réseau, elle propose des séances mensuelles avec des professionnels engagés pour sensibiliser les acteurs afin d'améliorer l'efficience et diminuer la temporalité." Cette association existe depuis 37 ans, elle s'occupe de la violence sexiste à la maison, au travail", précise le CIDFF. Ses missions sont d'écouter, informer, accompagner et soutenir les victimes.
Via Voltaire intervient dans une cinquantaine de lieux implantés dans 26 communes avec un dispositif d'accueil spécifique et des permanences spécialisées. Sur la durée, 556 femmes ont été reçues et 3 hommes. La précarité est un facteur de risque dans la violence et cela concerne toutes les classes sociales
"Avec une pluralité de professionnels, tous ensemble, on crée, on invente des réponses. Il faut un accompagnement psycho-social car certaines victimes sont violentes avec leurs enfants, et il nous faut prendre en compte l'aspect psychomoteur."
Le CIDFF est un organisme de formation continue, 900 professionnels ont animé le réseau. Le constat est qu'il faut continuer à lutter contre les violences sexistes, des séances de prévention et de sensibilisation sont importantes.
Pour clôturer cette réunion, le Préfet précise qu'il est nécessaire d'avoir une culture commune, avec une coordination des acteurs et des actions, avec le partage de l'information et la connaissance des procédures et concernant les mineurs et la violence, ce dispositif est à développer car c'est un axe majeur du plan
Le concept du téléphone "Grave danger" est une ressource appréciable, 8 sur 9 sont en cours d'attribution dans l'Hérault. Il est disposé à l'instant ou à la sortie de prison.
Le plan d'action local sera signé dans un mois par le Préfet
A l'issue de la réunion, M. Le Préfet invite les acteurs à poursuivre les échanges et venir à Sète visiter l'accueil public du commissariat de Sète/Frontignan, rencontrer la nouvelle intervenante sociale et les associations d'aide aux victimes.
Carole, publié le 4 septembre 2019