Grande rétrospective de Jean-Philippe Charbonnier au Pavillon Populaire
"Raconter l'autre et l'ailleurs -1944 - 1983 " - prolongée jusqu'au 28 août 2020 au Pavillon Populaire de Montpellier
Depuis le 5 février dernier, le Pavillon Populaire - espace d'art photographique de la ville de Montpellier - a ouvert ses portes sur une rétrospective concernant " un des grands oubliés de la photographie humaniste française", Jean-Philippe Charbonnier (1921 - 2004).
Dans le sillage de Robert Doisneau et du courant photographique du milieu du XXe siècle, Jean-Philippe Charbonnier attire les foules, à titre d'exemple, plus de 1000 visiteurs ont été séduits par le huitième art le week-end dernier. Ce n'est rien d'exceptionnel quand on parcourt ce bel espace muséal organisé en thématiques géographiques ou sociales placé sous le commissariat d'Emmanuelle de l'Ecotais et la direction artistique de Gilles Mora.
Plus de deux cents clichés sélectionnés à partir de 11 500 négatifs de planches de contact
Globe-trotter infatigable, il a parcouru différents continents au service du mensuel illustré français "Réalités", revue de luxe format tabloïd la plus influente en Europe depuis 1946 qui sera dissoute en 1978 dont il fut reporter salarié permanent de 1950 à 1974. Tout comme le photographe Édouard Boubat (1923 - 1999) recruté dans l'agence "Réalités", pendant 24 ans, Jean-Philippe Charbonnier a construit une œuvre témoin d'un temps passé sur l'état réel de la France dans ces deux décennies ; mais aussi, à la faveur d'un tour du monde en 1955, il saisit les territoires, équipé de deux appareils, l'un pour la couleur, l'autre destiné au noir et blanc, de l’Alaska à l’île de Sein, de New-York à Kyoto, du désert du Sahara au mythe américain des supermarchés américains ou la ségrégation raciale en Alabama comme son homologue le reporter photographe Raymond Depardon, point commun que l'on retrouvera dans les huis clos des emprisonnés en hôpitaux psychiatriques français "Bons pour l'asile : toute la vérité sur la façon dont on traite, en France, les maladies mentales", reportage publié en 1955 avec un texte d'Hervé Bazin.
un des reportages les plus puissants de Charbonnier, après six semaines de séjours dans différents hôpitaux psychiatriques de France de Sainte-Anne et Maison Blanche à Paris ou à Poitiers en 1955
Des grandes villes mondiales aux quartiers populaires parisiens, un impact sociologique
Eloigné des contingences du reportage événementiel, Charbonnier saisit des sujets-personnages communs pour nous livrer aujourd'hui encore sa perception de l'humanité. En installant une complicité avec les enfants au moyen d'une grimace, c'était sa porte d'entrée pour approcher l'intimité des gens d'alors, des familles - les mal logés - de l'ex-Courneuve ou Clichy représentés comme dans des tableaux, les mineurs du nord de la France se lavant dans une bassine, les bidonvilles de la banlieue parisienne se retrouvent en photographies, signes d'un autre temps dans une approche de la vie "cadence-décadence" pendant la période des Trente Glorieuses.
"Le scandale des mal-logés", porte de Clichy, Paris, 1952 - épreuve gélatine argentique, tirage moderne - Jean-Philippe Charbonnier
Une grande rétrospective qui devrait conforter l'engouement du public pour la photographie au même titre que les précédentes expositions de qualité telles que celle d'Andy Summers qui s'était tenue l'an passé au Pavillon Populaire avec son record de 37 422 visiteurs l De quoi patienter avant l'exposition d'été 2020 consacrée à l'école de New York.
Arrêt de bus à Montgomery, Alabama, Etats-Unis, 1962 - épreuve gélatine argentique d'époque - Jean-Philippe Charbonnier
Pavillon Populaire - Esplanade Charles-de-Gaulle à Montpellier
Entrée libre du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h
Visites guidées gratuites hebdomadaires :
Tous les mardis, tous les mercredis ( en famille), tous les vendredis à 16h - Tous les samedis et dimanches à 11h, les samedis à 14h et 16h.
Réservation par e-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.