Emmanuel Gambardella : un Sétois mal reconnu.
Pour les jeunes générations, le nom de Gambardella évoque, au mieux, la coupe de France junior de football. Et les édiles sétois, prompts à honorer les Sétois de naissance, de Valery à J. B. de Lesseps, n’ont donné son nom à aucune rue, place ou bâtiment ; si bien qu’à Sète, ce patronyme est de moins en moins connu. Pourtant, il ne nous a quitté qu’en 1953, après avoir été une notabilité du journalisme et du football, au plan régional et au plan national.
Il était le fils d’un Italien de Sète, Gérard Gambardella, venu des environs de Sorrente (Castellamare de Stabia) qui avait épousé une Sétoise en 1876. Celui-ci avait fait son chemin, acquis une certaine aisance puisqu’il se déclare « négociant » à la naissance de son fils, en 1888. Rien d’étonnant donc à ce qu’Emmanuel Gambardella renonce à vivre de la mer et suive des études au collège de Sète d’où il sortira bachelier. Est-ce là qu’il acquit le goût du football ? A-t-il conservé la nostalgie de la maîtrise du corps, du jeu d’équipe ?
S’efforça-t-il, sa vie durant, d’être proche du rectangle magique et du spectacle qui s’y déploie ? A-t-il rêvé d’une carrière de footballeur ? Ce que l’on sait c’est qu’il prit très tôt des responsabilités administratives dans le mouvement sportif. Quand fut fondé le FC Sète, il en fut le secrétaire administratif et fit paraître le bulletin imprimé, Les Dauphins, pour narrer ses exploits.
Son service militaire accompli, marié, il collabore, de 1922 à 1928, au Languedocien sportif, puis aux Sports du Languedoc et du Sud-Est. Et puis, il s’essaye aux variétés avec les revues jouées au Comœdia, au théâtre de la Grand rue. Ce n’est pas sa voie. Là où il va donner sa mesure, c’est à la Fédération Française de Football et dans le journalisme. En 1932, il prépare l’organisation du championnat de France professionnel.
Il contribue à créer le Syndicat des Journalistes. Après des démêlés avec le régime de Vichy, il anime la station montpelliéraine de radio-diffusion. En 1946, il sera un des sept fondateurs de Midi Libre. Sexagénaire, il sera chargé d’honneurs et de responsabilités : président du conseil d’administration de Midi Libre, président de la Ligue professionnelle de football. En 1954, un an après sa mort, fut disputée la première coupe Gambardella.
Alors qu’a retenti pour lui le coup de sifflet final, il faudra bien qu’à Sète on reconnaisse qu’il avait fait une grande partie.
Hervé Le Blanche