Ces trésors de Villemagne…l'argentière.
Villemagne l'Argentière peu connue mais très intéressante, est au cœur des Hauts cantons, ces "Hautes terres" de l'Hérault : les Avant-monts, entre Montagne Noire et Cévennes et le massif du Caroux-Espinouse. De très beaux paysages, dont les fameuses gorges d'Héric qui révèlent un patrimoine historique discret mais passionnant.
Les trésors de Villemagne ne sont pas d'or et ne sont plus d'argent. Ils seraient plutôt dans la pierre – non pas celle qui apporte un revenu – celle qui témoigne d'un riche patrimoine qu'évoque, jusqu'à la fin septembre, une exposition dans l'église Saint Grégoire, siège de la société Archéologique et Historique des Hauts cantons. Patrimoine médiéval, témoignage d'un passé prestigieux.
L'approche de l'actuel village, quand on vient d'Hérépian, route de Bédarieux et que l'on va à Saint Gervais sur Mare, se signale par l'autorité ecclésiastique. Car c'est vers 780 que fut fondée, sous le vocable de Saint Martin, une abbaye dans la mouvance de Saint Benoît d'Aniane. Dédiée, après 819, à Saint Majan, elle étendit ensuite son emprise vers le nord direction Saint Gervais et surtout vers le sud où sa juridiction allait de Saint Pierre de Rhèdes à Puissalicon et Alignan du Vent.
Au XIIème siècle, l'abbé Béranger II fut à la tête de l'abbaye pendant 40 ans et poussa ses possessions jusqu'à Faugères. Puis l'ensemble monastique connut le déclin. Dès le XVème siècle par la pratique des abbés "commandataires" qui touchaient les revenus sans résider. Puis en 1522, ce fut la destruction par les Protestants et un abandon de près de 100 ans. Restaurée en 1661 par les moines de Saint Maur, elle fut occupée jusqu'en 1791.
Une belle maquette, au centre de l'exposition, évoque l'importance et la beauté austère du bâtiment tel qu'il était alors. Le plus visible aujourd'hui est l'imposante tour qui dominait l'ensemble conventuel.
Le reste des bâtiments constitue maintenant des habitations privées. Un examen attentif des façades décèle çà et là des traces médiévales. Menues marques en regard de certaines découvertes. Au sud-ouest du bourg abbatial subsiste un îlot "fossilisé" d'un habitat du XIIIème. Et a été mis à jour le 1er étage - actuellement au rez-de-chaussée - d'une maison marchande éclairée par une fenêtre géminée avec un remarquable chapiteau.
Et la maison Oustry-Alauzet, à la richesse due au minerai argentifère, montre un des rares exemples en France d'architecture civile peinte du XIIème siècle. Et puis, l'exposition évoque l'Hôtel des Monnaies", en fait un îlot soigneusement bâti à destination marchande. Chaque lot comprenait un rez-de-chaussée pour le commerce, l'habitation à l'étage. Dans le lot n°2 a été mis à jour un décor peint exceptionnel.
Les minerais de plomb et de cuivre souvent argentifères ont suscité l'exploitation minière de Villemagne
L'importance des échanges est confirmée par la trouvaille d'un "fiorino" d'or en provenance de Florence. Car Villemagne se situait sur une route commerciale qui, par les vallées de l'Orb et de la Mare, gagnait les hauteurs de l'Espinouse et conduisait vers le Tarn actuel. Avec l'Argent, elle faisait la prospérité de Villemagne.
Le minerai de plomb argentifère dont on peut admirer un morceau et les quartzites voisins était exploité par les Romains dès le second siècle av. J.C. Ils ont apporté leur "vaisselle", amphores, vases, plats à la réalisation remarquable. Minerai peut-être à l'origine de la présence d'un atelier monétaire au IXème siècle. Mais ceci est une autre histoire.
H. Le Blanche
LE MUSEE ARCHEOLOGIQUE DES HAUTS-CANTONS :
Jusqu'au 15 octobre 2018 : mercredi, samedi et dimanche 15h-18h - Groupes : sur demande toute l'année -
Tél : 04.67.95.64.17 - 06.73.75.29.83