Quand la grande distribution se vante de soutenir les producteurs et leur refuse une hausse de prix... tout en augmentant sa marge
Selon France Info :
Si l'on en croit ses publicités, le meilleur défenseur du pouvoir d'achat des Français, ce serait la grande distribution. En cette rentrée placée sous le signe de l'inflation, "Complément d’enquête" s'est penché sur les pratiques pas toujours exemplaires des chaînes d'hypermarchés, notamment envers leurs fournisseurs. Extrait d'un document à voir le 1er septembre 2022.
C'est un milieu où la crainte des représailles fait régner l'omerta. Aussi, cette patronne d'une biscuiterie bretonne ne dévoilera pas à quelles grandes surfaces elle tente en vain de vendre un peu plus cher ses produits, pour faire face à une flambée des prix des matières premières qui a débuté bien avant la guerre en Ukraine.
Marie-Laure Jarry nous fait faire le tour des entrepôts de la Maison Le Goff qui, depuis soixante-dix ans, produit des pâtisseries à la chaîne. Le prix de tous les ingrédients a drastiquement augmenté : 30% de hausse pour l'huile de colza, 21% pour la farine, 17% pour le sucre, et 70% pour le fourrage pruneau ! Sans même parler du beurre, dont le prix a doublé.
La directrice a calculé que l'entreprise perdait désormais de l'argent sur quatre recettes. Trois centimes par unité, par exemple, pour le gâteau breton au caramel-beurre salé, l'un de ses produits phares. La production de chaque gâteau lui coûte actuellement 1,72 euro, alors que le célèbre distributeur qui le commercialise sous sa marque lui en donne 1,69 euro. Ce dernier, lui, le revend en magasin au prix de 2,49 euros, réalisant 47% de marge brute. Il y a plusieurs mois, Marie-Laure Jarry a bien tenté de renégocier ses tarifs à la hausse, mais il lui a été répondu d'attendre l'appel d'offres annuel, en septembre 2022, aucune augmentation n'étant en cours.