Au Peyrou, pour la science
Samedi 22 avril sur le coup de midi, du haut de son piédestal, le roi-soleil a pu assister à un spectacle singulier. Sur cette esplanade, particulièrement au pied du château d'eau, se préparait la déclinaison montpelliéraine de la "Marche pour les Sciences". Et les protagonistes ne se faisaient pas prier pour expliquer leurs motivations.
Devant le bassin du château d'eau, on déroulait de larges bandes de papier blanc. Ces bandes claires devaient former des lettres visibles pour une photo satellitaire qui marquerait la place de Montpellier dans une manifestation d'ampleur mondiale. Les scientifiques actifs ne perturbaient nullement les joggeurs du week-end, ni les touristes cherchant plan en main leur chemin vers le centre historique. Sous les arbres, deux jeunes guitaristes anglo-saxons, des habitués, jouaient du Django. Mais peu à peu, le puzzle s'ordonnait et par petits groupes arrivaient les soutiens pour le pique-nique, prélude à la marche. Au petit théâtre tout de suite à droite de l'entrée, on présentait des saynètes scientifiques, contestataires et même parfois féministes. Et à côté des constructeurs de lettres, tout en rouge, les défenseurs de la nature attiraient les regards. D'ailleurs, la manifestation était soutenue aussi par la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité, des sociétés savantes de Biologie, la Ligue de Protection des Oiseaux.
La défense de la nature était donc incluse dans ce mouvement mondial mobilisant 480 défilés dans 50 pays le Jour international de la Terre. Car la marche a été initiée en réponse aux positions "anti-climat" du président Trump. Lequel président, selon une des chevilles ouvrières du mouvement, fait procéder à la destruction de données et à la liquidation de l'agence chargée de lutter contre le réchauffement climatique. Compte tenu de la place des Etats Unis dans l'économie et la pollution de la planète, l'enjeu est de taille. Et puis, "Trump président" va plus loin idéologiquement : il n'y aurait pas de faits certains, avérés, mais des données changeantes, les "faits alternatifs" fake news. Opinions et idéologies, selon lui, rendraient mieux compte du réel. Or, ce sont des opinions souvent simplistes qui alimentent le populisme. L'indépendance des démocraties doit s'appuyer sur la raison afin de tenter d'éviter des catastrophes aux peuples. Ce ne sont pas les opinions, les croyances qui doivent guider l'action des dirigeants, mais la collecte et l'analyse de faits vérifiables.
Alors, à Montpellier, outre l'université Paul Valéry, se sont mobilisés les défenseurs de la nature, mais aussi la presse scientifique, syndicats et associations d'enseignants, étudiants, chercheurs, avec le soutien des grands organismes scientifiques de l'Académie des Sciences au Collège de France et à l'INSERM. Mais il est difficile d'aller contre les vents dominants.
Hervé LB