Le portrait de la semaine par Philippe Raybaud : Paul Valéry.

 

Le portrait de la semaine par Philippe Raybaud : Paul Valéry.
 
Né à Sète en 1871, il s'éteint en 1945. Poète, écrivain et philosophe, il repose au cimetière marin à Sète. Un père d'origine corse et une mère génoise, c'est en 1876 que le petit garçon entre chez les Dominicains pour débuter sa scolarité, et poursuit ses études au collège de Sète avant de rejoindre le lycée de Montpellier. En 1889, il entame des études de droit. C'est à cette période qu'il publie ses premiers vers dans la Revue maritime de Marseille. Sa poésie de l'époque s'inscrit dans un mouvement symboliste. En 1890, sa rencontre avec Pierre Louÿs est déterminante pour  toute sa vie de poète. C'est ce dernier qui lui présente André Gide et l'introduit dans le cercle restreint de Stéphane Mallarmé. Paul Valéry restera fidèle à Mallarmé jusqu'à sa mort. Ses premiers textes sont publiés dans la revue L'Ermitage.

En 1892, Paul Valéry découvre Gênes et ressent une douleur existentielle le poussant à choisir sa voie, la nommant lui-même " La vie de l'esprit ". Mais il ne renonce pas à la poésie, car selon lui, " « tout poème n'ayant pas la précision exacte de la prose ne vaut rien ». Il s'accorde à énoncer qu'il considère cette nuit passée à Gênes comme sa véritable origine, le début de sa vie mentale. C'est en 1894, alors âgé de 23 ans, que le poète s'installe à Paris.

 


"Il travaille comme rédacteur au ministère de la Guerre, et il se lie avec Paul Léautaud. Il reste à distance de l'écriture poétique pour se consacrer à la connaissance de soi et du monde. De 1900 à 1922, il est le secrétaire particulier d'Édouard Lebey, administrateur de l'agence Havas, il s'affaire chaque jour à rédiger ses " Cahiers ", journal intellectuel et psychologique dont l'essentiel n'est publié qu'après sa mort. Cette période le trouve régulièrement aux côtés de Stéphane Mallarmé dans un de club organisant des rencontres littéraires, il en devient l'un des plus fidèles adhérents.
C'est au cours de l'année 1917, avec le soutien d'André Gide, qu'il revient à la poésie, il compose " la jeune Parque " brisant ainsi ce long silence de sa vie de poète. En 1920, il écrit " le cimetière marin " suivi en 1922 par " Charmes ". Toujours influencé par Stéphane Mallarmé, il privilégie toujours, dans ses poèmes le sens et l'inspiration. Il déclare alors : " Mes vers ont le sens qu'on leur prête "."

" POÉSIE " par Paul Valéry :
https://youtu.be/Fxi0IWraDHI

 

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"Après la Première Guerre mondiale, il devient une sorte de « poète officiel », immensément célèbre. Mais dupe, il s'en amuse malgré les honneurs qui lui sont rendus. Il est élu membre de l'Académie française. Dans le discours de réception qu'il prononce, Paul Valéry fait l’éloge d'Anatole France, son prédécesseur, sans prononcer son nom une seule fois. En effet il ne pardonnait pas à Anatole France de s'être autrefois opposé à la publication de poèmes de Mallarmé.
Son œuvre véritable, pendant ce temps, continue toujours dans l'ombre. La profondeur des réflexions qu'il a émises dans des ouvrages exigeants (Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, La Soirée avec monsieur Teste), et sur le devenir de la civilisation (Regards sur le monde actuel) ainsi que sa vive curiosité intellectuelle en ont fait un interlocuteur privilégié de personnalités telles que Henri Poincaré, Louis de Broglie, Henri Bergson, Auguste Perret, et Albert Einstein.
Sous l'Occupation, Paul Valéry, refuse de collaborer, prononce, et, en sa qualité de secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre d' «Henri Bergson ». Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste, comme celui d’administrateur du Centre universitaire méditerranéen de Nice. En 1942, il dédicace un de ses livres à Hélène Berr, ce qui décide la jeune femme à tenir son journal. Elle sera considérée comme l' " Anne Frank française"."
"Il meurt le 20 juillet 1945 quelques semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sont alors organisées des funérailles nationales à la demande du général de Gaulle. il est inhumé à Sète, dans la partie haute de ce cimetière marin qu'il avait célébré dans son poème :
 
" Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
entre les pins palpite, entre les tombes…""
 
Il repose dans le caveau de son grand-père, Giulio Grassi. Les quelques vers en guise d’épitaphe proclament :
 
" O récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux."
 
Philippe Raybaud.