Rencontre littéraire exceptionnelle avec Sylvain Tesson
Vendredi 19 janvier 2024 à 18h, salle Pétrarque, La Comédie du Livre – 10 jours en mai organise une rencontre littéraire exceptionnelle, en partenariat avec la librairie La Géosphère et les éditions des Équateurs, avec l'écrivain voyageur et essayiste Sylvain Tesson, à l'occasion de la parution de son nouveau livre, Avec les fées.
Depuis cet automne, La Comédie du Livre – 10 jours en mai, qui aura lieu du 10 au 19 mai prochains, organise en amont de son festival des événements exceptionnels en compagnie d’auteurs et d’autrices importants. Après Amélie Nothomb en décembre 2023, et avant le grand romancier britannique Ian McEwan le 17 mars prochain, la Comédie du Livre accueille l’essayiste et écrivain voyageur Sylvain Tesson. Ce dernier présentera, ce vendredi 19 janvier, son nouvel essai, publié aux éditions des Équateurs, Avec les fées.
Sylvain Tesson
Sylvain Tesson est l’auteur d’une œuvre désormais considérée comme majeure. Il est notamment l’auteur du Petit traité sur l’immensité du monde (Équateurs), La Panthère des neiges (Gallimard, Prix Renaudot), Dans les forêts de Sibérie (Gallimard, Prix Médicis Essai).
Avec les fées
« L’été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C’est dommage : les yeux de l’homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C’est bien curieux les hommes… Depuis la mort des fées, ils n’y voient plus du tout et ne s’en doutent point. »
Le mot fée signifie autre chose. C’est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d’attraper le monde et d’y déceler le miracle de l’immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d’un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées.
Elles apparaissent parce qu’on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d’une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement.
Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l’île de Man, de l’Irlande et de l’Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j’allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux.
Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d’y voir. Je partais. Avec les fées. »