Patrimoine de Montpellier : Aux origines de l'église Saint Denis
Consacrée en 1707, l'église Saint Denis est un des monuments remarquables de Montpellier. Elle est située dans l'axe de la rue de la Saunerie, un peu en retrait du carrefour entre avenue Clemenceau et rue du Grand Saint Jean. Elle s'impose au regard par sa façade toute d'élévation et d'élégance. Sa construction fut le fruit de la collaboration de deux personnages de Montpellier, l'évêque Mgr Colbert et l'architecte Augustin Charles Daviler.
Augustin Charles Daviler, architecte de la province du Languedoc (Paris 1653-Montpellier 1701)
Celui-ci était né à Paris en 1653 dans une famille de petite noblesse de robe. Il poursuivit des études classiques et suivit les cours de l'Académie d'architecture. Elève prometteur, il fut envoyé parfaire sa formation à Rome. Mais son voyage maritime, via Gênes, lui valut d'être captif des Barbaresques de 1674 à 1676. A Rome, au palais Cafarelli, il fut en contact avec peintres, sculpteurs, architectes, inspirés des chefs d’œuvres de la capitale et des auteurs anciens. Deuxième prix au concours d'architecture, il regagna Paris, attirant l'attention du plus influent membre de l'Académie, Jules Hardouin Mansard. Mais c'est à Montpellier qu'il fera carrière.
Comment Daviler répondit-il à l'attente de "M. de Montpellier" , appellation des évêques ?
On ne sait pourquoi, les Etats du Languedoc lui confient la réalisation de l'arc de triomphe. Ce dont il s'acquitte avec brio. Proche de l'Intendant Lamoignon de Basville, maîtrisant toutes les arcanes de l'architecture, il construisit la chapelle de l'Hôpital général, place Albert Ier et le pont reliant le Peyrou à la ville. Et il couvrit le Languedoc de palais, couvents, églises, plans de cathédrales, hôtels particuliers. Formé auprès des meilleurs, homme de goût, il était apprécié des élites.
Il a publié un Cours d'architecture, avec dictionnaire des termes. |
Du Clapas au Languedoc
Parmi elles, l'évêque du diocèse de Montpellier, neveu du grand Colbert, Monseigneur Joaquim Colbert. T. Verdier dans Saint Denis de Montpellier, genèse et évolution d'une paroisse (ed. L'Espérou, 2008), signale bien qu'il fut intronisé avec une pompe toute cardinalice, mais ne reprend pas les notations des Doms Devic et Vaissette dans une "Histoire générale du Languedoc" qui précisent qu'il était fort imbu de son rang. Il est vrai que le prélat fut un évêque lettré, réformateur "et par bien des aspects janséniste et puritain". Il agit à une époque où l'édit de Nantes a été révoqué (1688) et durant laquelle clergé et laïcs doivent exalter la vraie religion soutenue par le pouvoir royal.
Du côté de Mgr Colbert, il faut aussi compter avec une réelle piété. Il multiplia les visites pastorales, rédigea un Catéchisme "dont la lecture se répandit bien au delà des limites du Clapas ou même du Languedoc". L'ouvrage sera condamné pour Jansénisme. Mais le chrétien fervent voulut laisser "un témoignage de foi aux limites de la cité".
Il fit appel à Daviler, qui paraissait si bien comprendre les intentions des commanditaires de ses ouvrages, pour édifier un monument pieux, sous l'égide de Saint Denis, évangélisateur des Gaules, premier évêque de Paris, mort en martyr au IIIe siècle après J.C.
Hervé Le Blanche