La saison lyrique de l'OONM se termine sur une note pétillante

Pour terminer l'année 2017, l'OONM a présenté deux opéras en un acte, très drôles. Ce qui les lie est leur brièveté et le comique construit sur la satire sociale, la ruse et la bouffonnerie.

Un petit bijou du genre bouffe
La première pièce lyrique, « La Nuit d'un neurasthénique » est de Nino Rota, grand compositeur de musique de film du XXe mais pas seulement. Cette courte pièce créée en 1959, qui raconte comment un neurasthénique, que campe Bruno Praticò, s'est fait berner par un concierge d'hôtel, est rendue terriblement efficace par l'emploi de récitatifs mêlés à de surprenantes vocalises. La mise en scène de Marie-Eve Signeyrole n'est pas étrangère à ce dynamisme donné à la nuit endiablée du pauvre neurasthénique, ramassant sur la scène trois chambres l'une dans l'autre avec salle de bains et un couloir en fond. D'où deux actions simultanées au moins sur la scène opposant le neurasthénique aux autres personnages : le concierge, le commandeur, les deux amoureux et le chœur du personnel de l'hôtel. Le tourbillon de cette nuit était propre à donner le tournis aux spectateurs qui applaudirent chaleureusement cette farce bouffonne et satirique à l'Opéra Comédie de Montpellier.

Changement de décor
Le deuxième opéra, « Gianni Schicchi » est de Giacomo Puccini, créé en 1918 à New York. Cet opéra, l'un des plus drôles de l'art lyrique dénote avec la production du compositeur dont le registre est plutôt dramatique sinon tragique. L'argument y est pour beaucoup. C'est l'histoire d'un captage d'héritage perpétré par un paysan appelé au secours par une famille de gentilshommes campagnards qui, pourtant, le méprise. Le personnage principal Gianni Schicchi, est extrait de l'Enfer de Dante XIIIe-XIVe, qui n'est pas une œuvre particulièrement comique mais le héros mâtiné du Volpone de Ben Jonson XVIIe, inspiré lui-même du moyenâgeux Roman de Renart, cela donne un résultat hilarant engendré par la satire sociale, la rouerie du héros et le cynisme de la situation. Là encore, la mise en scène de Marie-Eve Signeyrole fait mouche mêlant les différents arts de jouer la comédie : la Commedia dell'arte pour le héros, magnifiquement joué et chanté par Bruno Taddia, et les mouvements de groupe propres au théâtre engagé du XXe sur un plateau quasiment vide avec en fond de scène une vidéo lugubre où passent les champs cultivés de cette société dont les uns y laissaient leur vie tandis que les autres en tiraient profit. Mais sur cette video passait aussi des vols d'oiseaux qui rythmaient ou annonçaient l'action. Les spectateurs qui ont applaudi à tout rompre ne s'y sont pas trompés.

On retrouvera l'Orchestre national Montpellier aux Folies Lyriques, les 5, 6 et 7 juillet 2017 puis au Festival Radio France Occitanie Montpellier, du 10 au 28 juillet 2017.

Publié le vendredi 16 juin 2017 par A.K.