Les Bas-Fonds au Printemps des Comédiens

Eric Lacascade et sa troupe donnent en ce moment au Printemps des comédiens une adaptation des « Bas-Fonds » de Maxime Gorki, pièce écrite en 1902. La première représentation a eu lieu le jeudi 08 juin 2017 dans un Amphi d'Ô rempli aux trois quarts d'une majorité de têtes blanches emmitouflées dans leurs manteaux. La température tenait plus d'un début mai que d'un mois de juin. Ne se pose-t-il pas un problème de la relation entre le théâtre et les jeunes générations ? Où est-ce le mois de juin et son cortège d'examens qui serait cause de cette défection ? 

Le décor minimaliste qui s'offre aux spectateurs présente au premier plan un bar-restaurant dont un coin est loué à un ouvrier qui martèle des profilés. Une succession de rideaux de plastique transparent le sépare dans sa profondeur d'un dortoir équipés de lits de camp. Le célèbre texte de l'auteur russe est respecté mais ne peut-on pas se demander malgré l'actualisation d'Eric Lacascade s'il n'est pas un peu dépassé aujourd'hui ? Cette lutte du Prolétariat contre la Bourgeoisie, si nécessaire en 1902, semble bien surannée et cette « philosophie » de l'homme, exposée par les différents protagonistes, tourne en rond. Quelles solutions aux problèmes actuels peut apporter à notre société contemporaine une pièce où les rapports entre les humains ne sont que violence, où leurs centres d'intérêts sont l'alcool, la baise et l'oisiveté. Leurs aspirations étant niées, refoulées par eux-mêmes.

Une troupe de quatorze comédiens

Pourquoi le théâtre s'abaisse-t-il au niveau de la TV qui offre pléthore de personnages tels que Satine l'ex-taulard, Le Baron un aristocrate déclassé ou Medvedev un policier véreux. La seule lueur d'espoir réside en Louka, personnage dostoïevskien, construit, généreux, sans préjugés et optimiste. Mais la scène de beuverie de la fin, au cours de laquelle les comédiens se sont surpassés, détruit tout espoir. Nous ne venons pas au théâtre pour nous faire flageller mais pour nous sentir grandir par l'optimisme que peut dégager une réflexion construite autour des problèmes de notre époque comme l'a si bien fait Ariane Mnouchkine. D'aucuns reprochent à sa pièce de manquer de dramaturgie c'est- à-dire qu'il n'y a pas de montée de la tension pour arriver à un dénouement.

Mais l'approche du sujet que la troupe du Soleil a exploré ne pouvait évoluer que par tâtonnements représentés par cette suite de saynètes qui donne à sa pièce la « petite forme » du cabaret. Ariane lui donne là ses lettres de noblesse. Les applaudissements avec deux rappels sont en phase avec le ressenti très modéré de l'amphi.

Prochaine représentation : samedi 10 juin à 22h - durée 2h30 - Amphithéâtre d'O - Montpellier

Publié le 10 juin 2017 par A.K.