Ce que l'on sait de Molière.
La Scène nationale du bassin de Thau siège au théâtre Molière à Sète. Le théâtre porte le nom de celui qui naquit il y a quatre cents ans (le 15 janvier 1622) à Paris, devenu par son œuvre un personnage du récit national et auteur de langue française le plus connu dans le monde. De l'homme "Molière", on ne sait presque rien, mais ses œuvres parlent pour lui. Point n'est besoin de le mythifier.
Celui qui deviendra "Molière" en 1644 est né Jean-Baptiste Poquelin, fils aîné d'un père éminent marchand tapissier de Paris et "tapissier valet de chambre du roi", chargé de l'entretien de l'ameublement de la chambre royale au Louvre. On ne sait comment se démêla l'affaire, mais en 1643, Jean-Baptiste Poquelin abandonne la charge de son père à son frère et affirme une vocation de comédien, métier le plus déconsidéré de son temps.
Sa compagnie, l'Illustre Théâtre, fait faillite en 1645 et Molière fera de la prison pour dettes. Point découragé, Molière fait alliance avec la troupe de campagne de Charles Duchesne et, en 1645, entreprend une grande tournée dans le royaume, de la Normandie à la Bourgogne, sans oublier l'Aquitaine et le Languedoc où la troupe séjourne longuement notamment à Pézenas où la boutique du barbier Gelly entra dans la légende. Outre les représentations,les comédiens se produisent à l'occasion de célébrations officielles (entrée solennelles de dignitaires dans une ville, réunion des Etats provinciaux) et les fêtes marquant le calendrier liturgique ou politique.
Mais "Molière aspire à remporter les faveurs de la capitale" (M. Poirson, revue L'Histoire n°492, février 2022). Il sera le protégé du futur duc d'Orléans, frère du roi, alors héritier présomptif de la couronne. Et, peu à peu, il passe à l'écriture. A partir de 1658, ce sera plus de 10 de ses œuvres qu'il proposera au public et, "les quatre dernières années de sa vie, sa production suffit à fournir l'intégrité de l'affiche de son théâtre".
Remarqué par Louis XIV, il va devenir le maître de cérémonie des fêtes royales. Il va conquérir l'estime du monarque, notamment en créant un nouveau genre dramatique pour son royal protecteur, la comédie-ballet où sont mis en relation l'intrigue théâtrale et des intermèdes chantés et dansés. Là, en bon arrangeur, il reprend des airs et des danses à la mode pour les intégrer dans ses œuvres. Mais il veille à leur qualité et il collabore avec les plus grands artistes : Lully puis Charpentier pour la musique, Pierre Beauchamp pour la chorégraphie, Giacomo Torelli pour ses inventions de machines de théâtre. Ces œuvres de précurseur ouvriront la voie à la tragédie, puis à l'opéra.
Ce genre d’œuvres plaisait à Louis XIV qui goûtait fort la danse et le chant. Mais le roi-mécène ne retira pas sa faveur à Molière quand celui-ci fut aux prises avec des cabales lorsqu'il produisit des pièces ambitieuses, sujettes alors à controverse.
Hervé Le Blanche