Cela fait longtemps que les peuples méditerranéens savent que peindre en blanc les murs et les toitures de leurs maisons permet de réfléchir la lumière du soleil et de maintenir une certaine fraicheur à l’intérieur des habitations. Avec le réchauffement climatique en cours, cette pratique ancestrale pourrait trouver un regain d’intérêt un peu partout dans le monde.
Dans une un interview donné à la BBC, Ban-ki-moon, l’ancien secrétaire Général de l’ONU, cite l’expérience menée dans la ville d’Ahmedabad en Inde où la température peut parfois atteindre les 50°C en été. En 2017, les toits de 3000 maisons de cette ville ont été peints en blanc avec un revêtement réfléchissant spécial, à base de chaux. Par rapport aux habitations témoins comparables, la température des toitures a baissé d’environ 30 degrés et la température de l’intérieur des maisons a été réduite de 3°C à 7°C selon le type de maison. Ces résultats sont conformes aux prévisions des scientifiques du Berkeley Lab de l’université de Californie qui ont montré qu’un toit blanc réfléchit 80% des rayons solaires contre 20% pour un toit gris. De ce fait, les murs et les toitures blanches d’un immeuble peuvent ainsi avoir un impact considérable sur sa consommation d’énergie : jusqu’à – 40% de la facture d’air conditionné pour un immeuble de bureaux standard aux USA.
Selon le Berkeley Lab, généraliser le blanc dans le bâtiment, à l’échelle mondiale, pourrait permettre de lutter contre les effets du réchauffement climatique et d’éviter le rejet de 24 gigatonnes de CO2, l’équivalent du CO2 rejeté par 300 millions de voiture pendant 20 ans!
Les peintures thermiques blanches deviennent par ailleurs de plus en plus efficaces. Tout récemment, une équipe de chercheurs américains de l’Université Purdue (Indiana) vient ainsi d’annoncer la mise au point d’une peinture ultra-blanche à base de sulfate de baryum Cette peinture, la “plus blanche du monde” peut réfléchir jusqu’à 98,1 % de la lumière du soleil. Selon Xiulin Ruan, l’un des auteurs de l’étude, la puissance de refroidissement de cette peinture serait de 10 kilowatts par 1000 mètres carrés, soit davantage que la plupart des climatiseurs des maisons individuelles aux États-Unis.
Dès 2009, Steven Chu, prix Nobel de physique, proposait de peindre en blanc les toitures et les trottoirs dans le monde entier pour limiter le réchauffement du climat.
L’idée est à présent testée dans plusieurs métropoles américaines pour combattre les îlots de chaleur dont elles souffrent l’été. A New-York, déjà 10.000 toitures d’immeubles ont été repeintes en blanc.
Le mouvement gagne aussi l’Europe. En France, par exemple, la société bretonne Cool Roof, a repeint 7.000 mètres carrés de la toiture du supermarché E. Leclerc ce qui a permis de réduire de 6°C la température moyenne du magasin et d’éviter l’émission de 4 tonnes d’émissions de CO2 par an.
Résidence ART CODE (Montpellier)
A Montpellier, certains promoteurs immobiliers précurseurs, ont également montré la voie. C’est le cas par exemple pour la résidence Art-Code. Conçue par deux grands architectes, Jean Nouvel et François Fontès, elle offre un jeu subtil d’ombres et de lumière propre à la Méditerranée avec sa blancheur rafraichissante, près de la Mairie de la ville, à l’ouest du Lez.
Le règlement de copropriété de la résidence préconise en outre les couleurs claires pour les pararols et l’aménagement des terrasses. Les climatiseurs sont quasi inexistants dans cet immeuble classé A pour sa performance énergétique
Santorin (Grèce)