Avec le confinement et les restrictions de sortie en distance et en temps, certains découvrent ou redécouvrent, dans ce «tourisme local», au cours de leurs balades près de chez eux, des sites qui restent les témoins d’évènements s’inscrivant, autant dans quelques anecdotes mémorables que dans certains épisodes de l’histoire, petite ou grande. Le livre de Raymond Alcovère parait donc à point nommé, car il retrace l’histoire de certains endroits, monuments, paysages, ou autres, suffisamment emblématiques pour mériter l’attention et la curiosité. De ses déambulations dans Montpellier il note quelques lieux dont il raconte le passé. Il nous rappelle que la ville a connu, comme à présent, quelques restrictions, la peste ayant sévi durant plusieurs siècles. La ville était dotée d’un «capitaine de santé» dont la mission était de faire respecter les règles d’hygiène et de propreté, et de rassembler dans les étuves, dont la rue du même nom perpétue la présence, les malades pour les isoler. Cette histoire résonne particulièrement en ces temps de pandémie.
Mais la ville a bien heureusement connu des périodes plus favorables. Du XIVème au XVIIIème siècle elle fut renommée pour l’art du parfum, sa spécialité en était «l’eau de la reine de Hongrie», à base de fleurs de romarin. Elle comptait de nombreuses parfumeries, essentiellement concentrées rue Saint Guilhem, Grand’rue et Faubourg de la Saunerie. Elle fut , au XVème siècle la première place commerciale et financière du midi, grâce, en grande partie, à Jacques Coeur, «argentier du roi, maître des monnaies, receveur des taxes du sel, commissaire aux Etats du Languedoc, ambassadeur, génial administrateur, mécène, constructeur...» Il fit construire l’Hôtel des Trésoriers de France, plus tard appelé le Palais Jacques Coeur qui abrite depuis 1992 le Musée Languedocien. La réputation de la ville repose également sur ses liens avec la médecine, en témoigne sa riche et vénérable université.
De nombreux autres lieux de la ville sont ainsi évoqués ainsi que leur histoire, ou certains évènements les concernant, tels la Place Jean Jaures, l’Eglise Notre Dame des Tables, l’Hôtel de Sarret, le Peyrou, le château du domaine de Bonnier-Mosson, la villa Argentine, le Rockstore... Autant de lieux que d’histoires étonnantes et passionnantes.
Raymond Alcovère nous promène ainsi dans tout le département de l’Hérault, faisant étape du littoral aux hauts cantons, au Pic Saint Loup, à Enserune, Maguelone, Saint Guilhem, Sète, Minerve, la grotte des Demoiselles, Villeneuvette ... Et tant d’autres lieux, emblématiques ou plus confidentiels, mais cachant tous dans les plis de leur histoire quelques faits marquants dont l’auteur relève l’intérêt. Un ouvrage précieux pour la connaissance de notre département.
Michel Puech
Raymond Alcovère : Hauts Lieux de L’Histoire dans l’Hérault
Editions Le Papillon Rouge